THE MEDALS OF INDOCHINA

5 - LES ORDRES COLONIAUX (XIX - XX siècle)

Cependant, avant d'en arriver au développement des ordres de Mérite Spécialisé, le gouvernement français créa de nouveaux ordres de mérite : les ordres coloniaux. Le mot création est certainement trop fort puisqu'il s'agit de la transformation de certains ordres étrangers en ordres français.

Le développement de l'empire colonial français à la fin du XIXe siècle et les missions d'exploration des continents asiatique et africain, encore peu connus, nécessitaient (l'organisation d'un système de récompense. Le gouvernement français décida alors de demander à certains Etats, dont il avait pris en charge l'organisation administrative et le développement économique, de lui céder la gestion de certains ordres. C'est ainsi que deux ordres asiatiques (Cambodge et Annam), un ordre de l'Océan Indien (Anjouan), un ordre de la côte orientale (Tadjoura) et un ordre de la côte occidentale de l'Afrique (Dahomey) devinrent en 1896 des ordres de mérite français. On les appela ordres coloniaux. Les admissions et promotions firent l'objet de décrets présidentiels et leur gestion fut confiée à la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur. Celle-ci administra avec rigueur la vie de ces ordres. C'est pourquoi, contrairement à ce qui est dit quelquefois, leur attribution fut toujours très strictement réglementée. Ils ont été, en définitive, relativement peu attribués. Ils étaient différents des autres ordres de leurs pays d'origine et de ceux des autres pays sous protectorat. Ces derniers conservèrent leur autonomie et furent toujours considérés comme des ordres étrangers (ordres tunisiens, marocains, cambodgiens, annamites, laotiens, etc.).

ORDRES COLONIAUX (disparus)

On appelle Ordres Coloniaux les 5 ordres de certains pays sous protectorat français qui furent choisis en 1896 par le gouvernement de la République Française pour récompenser les services, exceptionnels et de longue durée, rendus dans les régions d'Asie et d'Afrique.
Ces ordres, administrés par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur ont été décernés d'une façon très stricte, les décrets de nomination et de promotion étaient signés du Président de la République. Ils ont été attribués avec parcimonie: ainsi en 1933, le chiffre du contingent annuel des grades de chevalier et d'officier de l'ensemble des Ordres Coloniaux ne représentait que la moitié de celui du contingent des mêmes grades de la Légion d'honneur... C'est ce qui en fait leur valeur.

Fondé le 8 février 1864 par le roi du Cambodge NORODOM 1er, dès que le protectorat de la France lui permit de se dégager de la tutelle du Siam. Cet Ordre avait pour objet de récompenser les services civils et militaires. Il devint Ordre Colonial de 1896 à 1948.

INSIGNE : Etoile à huit branches mais dont chacune est reliée à la suivante par une suite de rayons à facettes taillées. Au centre, les armes royales découpées sur un fond d'émail violet sont entourées d'un cercle d'émail rouge.
L'étoile est reliée à l'anneau de suspension par une couronne royale  surmontée d'une croix.
La décoration est en argent pour les chevaliers et en or (ou vermeil) pour les autres grades.

Premier MODELE : On connaît un insigne identique plus simple, sans couronne à la partie supérieure qui constitue le premier modèle et qui fut distribué lors des premières années de l'Ordre.

RUBAN : D'origine, le ruban est rouge à lisérés verts sur les côtés. Devenu Ordre Colonial en 1896, le ruban, par décret du 5 décembre 1899, devint blanc à lisérés orange car le fond rappelait trop (en boutonnière surtout) le rouge de la Légion d'honneur.
Par décret du 25 août 1948, cet Ordre redevint National, le ruban retrouva ses couleurs rouge à lisérés verts.

STRUCTURE : A cinq classes comme les autres Ordres.

ATTRIBUTION : Cet Ordre, le plus ancien des Ordres Coloniaux, fut tout d'abord attribué par le Roi puis, tant par le Roi du Cambodge que par le Président de la République Française, puis, à partir de 1948, à nouveau par le Roi.
Il était attribué au personnel civil et militaire français ayant servi dans les pays de l'Indochine — plus particulièrement au Cambodge — pendant au minimum 9 années.

28 ORDRE DU DRAGON D'ANNAM (1886)

Créé le 14 mars 1886 par l'Empereur d'ANNAM, DONG-KHANH, cet Ordre, qui devint colonial de 1896 à 1950, avait été fondé pour récompenser les services civils et militaires.

INSIGNE : La décoration consiste en une étoile à huit pointes semblable à celle de l'Ordre Royal du Cambodge. Le centre porte quatre caractères annamites en or : « DONG-KHANH HOANG-DE » entourés de motifs héraldiques sur fond d'émail bleu ; il est entouré d'un cercle d'émail rouge.
L'étoile est surmontée d'une couronne impériale qui est accrochée à un dragon en métal émaillé vert formant bélière.
L'insigne est en argent pour les chevaliers, en or pour les autres classes.

RUBAN : La qualité des membres se distinguait par les couleurs du ruban :
--- vert moiré à bords orange pour les civils,
--- rouge moiré à bords orange pour les militaires.

STRUCTURE : A cinq classes comme les autres Ordres.

ATTRIBUTION : Cet ordre fut décerné aux Français en service dans les pays d'Indochine pendant un minimum de 9 années. Il fut, tout d'abord, attribué par l'Empereur de l'ANNAM, puis, partie par l'Empereur, partie par le Président de la République Française, puis, à nouveau à partir du décret du 5 mai 1950, par 1'Empereur d'AN¬NAM, jusqu'à la disparition de l'Ordre, quelques mois après, lors de la création de la République du Vietnam qui institua l'ORDRE NATIONAL DU VIETNAM (voir Tome 1 numéro 66).

31 ORDRE DU MERITE INDOCHINOIS (1900)

Bien que cet Ordre ne soit pas un Ordre Colonial au sens official du terme — car il n'y en eut que cinq — nous l'avons placé à leur suite, car cette distinction est seule de son espèce.
Cet ordre fut créé le 30 avril 1900, par le Gouverneur Général de l'Indochine Française à SAIGON. Il était destiné à récompenser les services exceptionnels rendus par les Indochinois à l'Agriculture, au Commerce, à l'Industrie et aux Arts.

INSIGNE : C'est une sorte d'étoile métallique à 6 courtes pointes dont chacune se termine par une boule du même métal. Le médaillon central relativement important porte au centre une légende en caractères annamites signifiant : « Il est méritoire de développer les connaissances », et tout autour un cercle avec la mention « INDOCHINE  FRANÇAISE ». Cette étoile est surmontée d'une bélière représentant 2 courtes branches de laurier.

RUBAN : Jaune moiré.

STRUCTURE : 3 classes : troisième classe, de bronze, deuxième classe, d'argent, première classe, d'or.

ATTRIBUTION : Cet ordre était géré par un Conseil. Les effectifs étaient très limités : 15 pour la première classe, 100 pour la deuxième classe et 500 pour la troisième classe.
Bien que place à la suite des Ordres Coloniaux, cet Ordre n'en était pas un. C'était un Ordre à statut local strictement réservé aux Indochinois des cinq pays d'Extrême Orient (Tonkin, Annam, Cochinchine, Cambodge, Laos).

33 ORDRE DU MERITE AGRICOLE (ANNAM)

Cet ordre créé en 1936 était destiné à récompenser les services exceptionnels rendus à l'agriculture tant par les Annamites que par les Français.

INSIGNE : C'est une plaque rectangulaire uniface en vermeil (ou en or) dont le pourtour est orné de dessins « à la grecque ». L'intérieur porte des traits horizontaux représentant un champ surmonté d'un soleil d'émail rouge d'où s'échappent des rayons d'or avec des palmes et des graines d'émail vert symbolisant les produits agricoles.

RUBAN : En 3 parties égales : vert, jaune d'or, vert.

STRUCTURE : 3 classes d'un ordre de mérite spécialisé.

ATTRIBUTION : C'est un ordre comparable à l'Ordre du Mérite Agricole Français. Il était d'ailleurs attribué selon des règles identiques.

36 ORDRE DU SOWATHARA (CAMBODGE)

L'ordre du SOWATHARA ou du « BONHEUR DE LA TERRE », créé par ordonnance royale du 22 juin 1923, était l'ordre du Mérite Agricole Cambodgien destiné à récompenser les services exceptionnels rendus à l'agriculture. C'était le deuxième ordre du Royaume Cambodgien,

INSIGNE : L'insigne affecte la forme générale d'une croix à 4 branches, chacune composée de 5 rayons d'or. Quatre motifs symbolisant les produits agricoles (maïs, coton, riz et palme) sont placés dans les intervalles des branches.
Le médaillon central, entouré d'un cercle en or, représente sur fond d'émail vert les 3 tours vues de face du Temple d'Angkor. L'insigne est surmonté d'une figure khmère symbolisant la Déesse de la terre tordant sa longue chevelure, symbole de fécondité.

RUBAN : Vert moiré.

STRUCTURE : 3 classes d'un ordre de mérite spécialisé.

ATTRIBUTION : Cet ordre était conféré par le roi sur les mêmes règles que le Mérite Agricole Français, soit sur propositions du Ministre cambodgien de l'Agriculture, soit sur demande du Résident Français. La richesse agricole du Cambodge (qui était un pays exportateur de riz, etc.) avait fait de cet ordre le premier après l'ordre Royal du Cambodge.

37 ORDRE DU MUNISERAPHON (CAMBODGE)

Créé le 1er février 1905 par ordonnance royale, cet ordre était destiné à récompenser les Cambodgiens ou les étrangers, d'origine asiatique, qui se distinguaient dans le domaine historique, littéraire, et scientifique, Cet ordre était comparable aux Palmes Académiques.

INSIGNE : L'insigne, en argent massif, affecte la forme des Palmes Académiques avec, à gauche, une palme et, à droite, un rameau de laurier. Le centre est occupé par un motif décoratif représentant la coupe du Mérite. Elle est surmontée d'un livre et est entourée de rameaux de feuillage.

RUBAN : Jaune moiré.

STRUCTURE : Une seule classe : le titulaire se voyait décerner, sur son diplôme, les « Palmes du Mérite Historique, Littéraire et Scientifique ».

ATTRIBUTION : Cet Ordre était strictement réservé aux Cambodgiens et aux Asiatiques, sujets ou protégés français. Les professeurs français en service au Cambodge pouvaient, cependant, se voir attribuer ces Palmes, à titre de souvenir.

38 ORDRE ROYAL  DE LA MEDAILLE DU REGNE (CAMBODGE)

C'est un ordre qui fut créé par NORODOM 1er, roi du Cambodge, pour récompenser les fonctionnaires et les notables cambodgiens, ou étrangers dont les services rendus ne justifiaient pas l'attribution de l'ordre Royal du Cambodge.

INSIGNE : C'est un médaillon de forme ronde qui porte, à l'avers, les armes royales entourées, en langue khmère, du nom du roi régnant et au revers, au centre le nom du roi, en caractères romains,  entourés de feuilles de laurier et de dix rayons, en haut et en bas. La médaille est surmontée de la couronne royale khmère.

RUBAN : Rouge moiré au centre avec une raie verticale rouge et violette sur les bords. A varié sous chaque roi.

STRUCTURE : 3 classes : 3e classe : de bronze, pour les agents subalternes. 2° classe : d'argent pour les cadres. 1re classe : d'or pour les directeurs ou cadres supérieurs.

ATTRIBUTION : on trouve des médailles du Règne au nom de 5 rois : NORODOM 1er, SISOWATH 1er, SISOWATH MONIVONG, SIHANOUK, SURAMARIT.

55 ORDRE DU MERITE CIVIL THAI

Cet ordre fut créé en 1950 par le Conseil de la Fédération Thaï pour récompenser les services exceptionnels rendus à cette Fédération, composée des principautés de race thaï, située au nord-ouest du Viêt-nam.

INSIGNE : C'est une sorte de croix, double face, en vermeil ou en bronze doré à 4 branches. Chaque branche est formée de la partie supérieure d'une croix de Lorraine aux extrémités tréflées. Les branches verticales sont émaillées de noir.
Le médaillon central est un carré au pourtour dentellé. Il est surélevé et porte, sur fond d'émail noir, à l'avers, MUONG TA en caractères thaï et, au revers, FEDERATION THAI.

RUBAN : Noir avec 3 raies verticales jaune d'or ; la raie centrale qui a 9 mm est encadrée de 2 raies de 2 mm de large.

STRUCTURE : 4 classes.
Chevalier et officier : croix identiques de 43 mm avec rosette sur le ruban d'officier. Commandeur : Croix de 55 mm portée en sautoir. Grand croix : grand cordon avec croix de 55 mm plus plaque formée d'une étoile d'argent à 8 faisceaux de rayons portant la face de l'insigne de l'Ordre.

ATTRIBUTION : Cet ordre était attribué aux THAI ainsi qu'aux étrangers. Parmi ces derniers, ce furent surtout des personnalités du monde politique ou administratif, ainsi que les médecins militaires français en service chez les Thaï. A noter, d'ailleurs, que les officiers des unités combattantes reçurent surtout l'Ordre du Mérite Militaire qui était réservé aux actions d'éclat (voir fiche numéro 55, Tome 1).

NOTA: Cet ordre n'eut qu'une durée limitée à 4 années puisque l'établissement de la République Démocratique du Nord-Viêt-nom en 1954 supprima l'existence de la Fédération THAI.